Les pathologies

Déficit en facteur II ou Prothrombine (FII)

Cette page est destinée aux patients et aux médecins non spécialistes, afin de répondre aux questions sur les déficits en FII ou hypothrombinémie ou dyshypothrombinémie : prévalence, transmission, physiopathologie, symptômes, biologie et traitement.

Définition, épidémiologie, physiopathologie

Parmi les déficits rares, le déficit constitutionnel en prothrombine ou FII est le plus rare. Différents registres européens ont permis d’établir une prévalence de l’ordre de 1 à 2 par million, soit 1,5% de ces déficits rares. Ce déficit touche autant les femmes que les hommes sans distinction de race ou d’origine ethnique.

Le FII est une importante protéine sanguine qui permet une coagulation normale du sang.

Le FII est une glycoprotéine vitamine-K dépendante synthétisée par le foie. Il s’agit du précurseur d’un élément central : la Thrombine (FIIa) : le FII est en effet transformée en FII activé (FIIa ou thrombine) par le FX activé (FXa). En l’absence de prothrombine, le système ne peut générer de la thrombine et le processus est interrompu (En savoir plus « Qu’est-ce que l’hémostase »).

Le taux normal de FII dans le sang est supérieur à 50%. Son taux est naturellement diminué à la naissance et les taux normaux sont souvent atteints à partir du 3ème mois de la vie. Ceci est secondaire à l’absence du passage de la vitamine K entre la mère et l’enfant pendant la grossesse (la vitamine K ne passe pas la barrière foetoplacentaire), d’où l’importance d’apporter au moment de la naissance de la vitamine K.

Le déficit constitutionnel peut être :

Soit un déficit quantitatif ou hypoprothrombinémie avec diminution de l’activité et de l’antigène du FII (type I),
Soit un déficit qualitatif ou dysprothrombinémie (type II), liée à une synthèse normale en quantité d’une protéine non fonctionnelle.

Les modèles animaux ont montré que le déficit complet en FII ne semble pas compatible avec la vie.

Transmission

Les anomalies du FII sont des maladies génétiques, transmissibles. Le gène du FII est localisé sur le chromosome 11. (En savoir plus « Qu’est-ce qu’une maladie génétique »).

Le déficit en FII (de type I ou de type II) est une maladie héréditaire à transmission autosomique récessive, c’est-à-dire que les deux parents doivent être porteurs d’un gène défectueux pour que l’enfant soit atteint.

Ces déficits sont plus fréquents dans les populations à forte consanguinité.

A ce jour, trente-neuf mutations ont été décrites mais il existe peu de corrélation entre les anomalies génétiques et le phénotype hémorragique.

Clinique

Un déficit en FII <20% est une forme sévère de la maladie avec un risque hémorragique élevé. Les déficits en FII >20% ont des signes hémorragiques plus rares et plus modérés.

Les manifestations hémorragiques les plus fréquentes sont des hématomes musculaires et sous cutanés, des saignements prolongés en cas de plaies, des hémarthroses (saignements articulaires), des saignements cutanéomuqueux (par exemple ecchymoses, épistaxis, gingivorragies, et des ménorragies). Des cas exceptionnels d’hémorragies intracrâniennes et de saignements digestifs ont également été rapportées.

Examens complémentaires

Les examens biologiques nécessaires au diagnostic d’anomalies du FII :

	HYPOTHROMBINEMIE	DYSPROTHROMBINEMIE
TCA	Allongé	Normal ou allongé
TP	Diminué	Normal ou allongé
INR	Allongé	Normal ou allongé
Fibrinogène activité	Normal	Normal
FII activité FII antigène	Diminué Diminué	Diminué Normal ou diminué
FV	Normal	Normal
Autres facteurs dépendant de la vitamine K : FII, FVII	normaux (permettant d’éliminer une carence en vitamine K)	Normal
Diagnostic différentiel	Dans tous les cas devant une diminution isolée du FII, il faudra éliminer une cause acquise (anticorps anti FII) plus rare et habituellement survenant dans des contextes de pathologie chronique comme le lupus.
Analyse génétique	Permet de confirmer le caractère constitutionnel du déficit

Traitements

Les traitements spécifiques

Il n’existe pas de traitement spécifique c’est-à-dire de concentrés de FII pour le traitement.

Les modalités du traitement dépendent des manifestations hémorragiques du patient.

Le traitement des accidents hémorragiques repose sur l’utilisation des concentrés de complexes prothrombiques (CCP) qui contiennent tous les facteurs vitamine K dépendants (FII, FVII, FX, FIX), voir du plasma frais congelé. Dans la mesure du possible, des disponibilités et de l’urgence, les CCP doivent être privilégiés au Plasma Frais Congelé compte tenu de la concentration en FII supérieure dans les CCP comparé au plasma.

En raison de l’absence de concentrés spécifiques, les patients sont habituellement traités à la demande et rarement en prophylaxie.

Les traitements non spécifiques

Les Anti fibrinolytiques ou Acide Tranexamique : il s’agit d’un médicament ralentissant la phase de fibrinolyse de l’hémostase. Il pourra être proposé seul en cas de symptomatologie hémorragique (saignement de nez, règles abondantes, saignement de gencive, plaie…) ou en prévention d’un saignement en période péri-opératoire. Il est habituellement contre indiqué en cas d’antécédent de manifestation thrombotique (caillot) et d’épilepsie.
Moyens hémostatiques locaux : exemple, Coalgan®, Bloxang®, Hemostop®… en cas de saignement de nez (épistaxis) ou de petite plaie superficielle.

En savoir+ sur « Ma maladie au quotidien«

Pour plus d’informations : PNDS Déficits rares de la coagulation et Les traitements des pathologies hémorragiques.